Numéro 69 – 30 octobre 2023
Ce numéro a été le plus difficile à ce jour que les bénévoles de Réconcilions-nous ! ont eu à rédiger. Nous n’y sommes parvenus que parce que chacun a respecté la règle du consentement : je ne suis pas satisfait mais je peux l’accepter ; avec la possibilité de dire sur le site les raisons de mon insatisfaction. De même, on ne sortira de ce drame qu’avec des réponses qui ne satisferont entièrement personne mais seront acceptables pour chacune des parties.
Les drames de la guerre pour les civils
Nous avons souvent souligné dans les messages de Réconcilions-nous ! à propos de l’Afghanistan, de l’Ukraine, à quel point la guerre est un piège terrible pour les plus faibles et d’abord pour les civils de chaque camp. Dans un monde global, une guerre, même de faible intensité, est un foyer viral mortel. Une guerre a vocation à devenir totale, et la guerre totale peut tout justifier pour chaque camp : comme la décision, pour assurer la fin rapide de la terrible seconde guerre mondiale, de littéralement arracher leur peau à des dizaines de milliers de civils, enfants et vieillards compris, à Nagasaki et Hiroshima.
Les civils israéliens viennent d’être projetés de façon terrifiante dans ce drame, quand des hommes armés du Hamas ont tué de sang-froid en quelques heures des centaines de civils désarmés, y compris des enfants, et en ont emmené en otage des dizaines d’autres.
En Israël, une guerre ancienne (1948) est donc brutalement montée en intensité, à la surprise semble-t-il de spécialistes. En Ukraine, une guerre s’est aussi ranimée il y a 18 mois à la surprise de spécialistes. Dans les deux cas, on s’achemine probablement vers la guerre totale et des drames effroyables pour les civils des deux côtés. Nous pouvons simplement parler à nouveau pour les plus faibles et dire aux décideurs qu’entamer ou poursuivre une guerre devrait être un choix désespéré. Et qu’ils restent liés dans la conduite de la guerre par le droit international qui fixe des limites à l’horreur.
Pas de sécurité sans vivre-ensemble
Nous sommes nombreux en France à retenir notre souffle : est-ce que cette guerre à notre porte va réveiller des affrontements chez nous ? L’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard, l’attentat de Bruxelles contre des civils suédois sont des signaux sombres. Notre ADN est optimiste : nous pensons qu’on peut surmonter les divisions sur l’essentiel par le dialogue et le vivre-ensemble. Ce n’est pas une approche bisounours car surveillance et punition font partie des outils du vivre-ensemble. Mais le drame qui se joue au Moyen-Orient, comme les deux attentats terroristes récents, illustrent qu’aucune police, aucun système de renseignement ne peut empêcher votre voisin de vous tuer, s’il en a vraiment envie.
La clé est chez les jeunes : pas parce qu’ils sont plus dangereux, mais parce qu’avec eux tout reste possible. Nous allons travailler dans les mois qui viennent sur la question suivante : quelle combinaison d’opportunités et de sanctions permettraient à tous les jeunes en France d’être demain parties prenantes de la collectivité française ? Une réponse est probablement le vivre ensemble, aussi bien dans les quartiers que dans les écoles et les entreprises. En trouvant les moyens que chaque personne, chaque organisation se sente responsable de ce brassage. Et qu’on sache mesurer les progrès obtenus, selon les territoires et les contributions des acteurs : école, police, justice, ville, entreprise, urbanistes…
N’hésitez pas à nous rejoindre si ce défi vous intéresse.