des chiffres sur la pauvreté
La vue d’ensemble « Niveau de vie et pauvreté depuis 2008 » de l’Insee montre qu’entre 2008 et 2018, les inégalités de niveau de vie ont légèrement augmenté, la redistribution opérée par le système socio-fiscal ayant limité la forte hausse des inégalités avant redistribution.
Sur le champ de la France entière, et en comptabilisant à la fois les personnes en logement ordinaire mais aussi, pour la première fois, celles vivant hors logement ordinaire, on estime à environ 10 millions le nombre de personnes pauvres en 2018 en prenant un seuil de pauvreté défini en tenant compte des DOM. La vue d’ensemble « Le patrimoine des ménages en 2018 : peu de mobilité dans la distribution depuis 2015 » retrace l’évolution du patrimoine en France entre 1998 et 2018. Elle exploite aussi la nouvelle dimension panel de l’enquête Histoire de vie et patrimoine. Elle montre notamment qu’entre 2015 et 2018, le patrimoine brut a augmenté en moyenne (+ 12,5 %) pour les personnes vivant dans un ménage dont la composition est restée stable et qu’en trois ans, seul un tiers des personnes en ménage stable change de position dans la distribution de plus d’un vingtième de patrimoine brut. Ces deux vues d’ensemble comportent chacune un encadré sur les évolutions perceptibles en 2020. Sur les revenus, il ressort que le revenu des ménages pris dans leur ensemble est resté stable entre 2019 et 2020 mais que les revenus des plus modestes ont très probablement connu un choc négatif. Pour ce qui est du patrimoine, les sources convergent pour montrer une hausse exceptionnelle de l’épargne, touchant tous les niveaux de patrimoine.
Un premier dossier, intitulé « Environ 2 millions de personnes en situation de grande pauvreté en France en 2018 » propose pour la première fois une définition statistique de la grande pauvreté. Pour les logements ordinaires, il exploite le dispositif Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) et son extension aux 4 DOM historiques, ainsi que l’enquête Budget de famille (BDF) pour Mayotte. Pour couvrir les personnes hors logement ordinaire, il s’appuie sur des sources très variées de la statistique publique (Recensement de la population, enquêtes de la DREES sur les personnes vivant en établissement et sur les bénéficiaires de minima sociaux, enquête Sans domicile). Il montre que la grande majorité des personnes en situation de grande pauvreté vivent en logement ordinaire et qu’un quart d’entre elles vivent dans les DOM, dont 10 % à Mayotte. Leur situation est durable : au bout de trois ans, seules 13 % de ces personnes ne sont plus en situation de pauvreté (monétaire ou matérielle et sociale).
Un deuxième dossier, donne une mesure plus complète de la redistribution. Il est intitulé « Réduction des inégalités : la redistribution est deux fois plus ample en intégrant les services publics ». Il mobilise les comptes nationaux distribués mis en place par l’Insee suite au groupe de travail sur la mesure des inégalités de revenus. Son ambition est de proposer une mesure des inégalités de revenu et de la redistribution qui prenne en compte tous les prélèvements, qu’ils soient directs ou indirects, et toutes les contreparties, qu’elles soient monétaires ou en nature. Contrairement à ce qui est fait habituellement, il prend donc aussi en compte l’impôt sur les sociétés et les taxes, les transferts sociaux « en nature » (santé, éducation) et les services publics collectifs (police, justice, services d’administration). Il propose ainsi une vision élargie de la redistribution opérée par les administrations publiques. Sous cet angle, en 2018 les deux tiers des individus reçoivent en moyenne davantage, en prestations et en services publics, qu’ils ne versent en impôts, taxes et contributions sociales, contre environ un tiers dans l’approche monétaire usuelle. La réduction des inégalités liée à la redistribution est plus de deux fois plus importante dans cette approche élargie que dans l’approche monétaire usuelle.