économie

Quels problèmes d’intérêt collectif sont liés à l’économie ? Quels défis ambitieux et consensuels en tirer ?

L’économie désigne à la fois une discipline scientifique, une des sciences de l’homme, et l’activité à laquelle elle s’applique, la production et l’échange de biens et de services entre humains. Le cœur des études économiques porte sur les marchés sur lesquels se produisent ces échanges et les prix auxquels ils aboutissent.

Le développement fantastique de la production et des échanges matériels et surtout financiers a donné une importance considérable à la discipline scientifique, au point qu’elle apparaît comme la science officielle du bon gouvernement.

Les biais de la discipline ont pu ainsi devenir des biais de notre organisation sociale :

• Oublier les valeurs morales pour tout ramener à la valeur marchande ; alors que les choses essentielles n’en ont pas de valeur marchande : les choses positives, amour, fierté… ; comme les choses négatives : violence aux personnes, à la nature, au climat…
• Ramener les liens à des liens marchands, ce qui fait du travail ou de l’impôt un coût à minimiser plutôt qu’un lien entre personnes et entre des personnes et leur collectivité.

• Une science économique plus modeste

Les travaux de l’économie sont beaucoup utilisés dans les débats sur nos décisions collectives de façon péremptoire, comme si l’économie était une science expérimentale comme la physique ou la biologie. Mais ni l’économie, ni aucune science sociale ne peut trancher seule un débat : elles ne peuvent jamais prévoir exactement ce que va faire une personne, seulement l’éclairer. Elles ne produisent pas des vérités, seulement des scénarios à interpréter avec prudence en fonction de leurs limites. Le défi serait que les économistes et ceux qui utilisent leurs travaux donnent le mode d’emploi de leurs résultats, notamment sur les limites de leur utilisation pour des prévisions.

• La qualité du travail

L’économie fait tout partir de la consommation marchande et ne considère le travail que pour son rôle dans la production, et pour la rémunération marchande qu’il apporte en échange au travailleur. Pourtant le travail apporte aussi (ou pas) respect, santé, expériences… Sa valeur sociale n’est pas du tout sa rémunération. Le défi serait que la mesure de la qualité du travail soit intégrée à l’économie.

• La viabilité de la planète

L’économie ne prend pas en compte directement la viabilité de la planète dans ses raisonnements, mais uniquement ce que nous décidons de rendre marchand. Le patrimoine, au sens économique, ne contient que les biens marchands qui sont transmis aux générations suivantes, la nature n’en fait pas partie. Le défi serait d’intégrer la nature dans la mesure économique.

• Faire confiance aux marchés pour résoudre les problèmes collectifs de répartition, par la loi de l’offre et la demande ; alors que le marché répartit mal ce qui est essentiel parce qu’il distribue en fonction de la richesse, qui donne le pouvoir d’achat, et qui n’a aucune raison de refléter les besoins essentiels de chacun.
• Appauvrir le débat politique, en s’appuyant sur l’idée que tout est économique et que l’économie est une science, donc neutre alors qu’elle n’est maitrisée que par une toute petite fraction de la collectivité et qu’elle biaise le débat en faveur de ceux qui ont la richesse, ses réponses s’appliquant bien à leurs points forts.
• Écraser l’éclairage apporté par les autres sciences sociales, alors que les comportements humains ne peuvent être étudiés qu’en croisant les approches.

• Revenir à l’économie morale et politique, “science du bon gouvernement” ?

Une science croisant toutes les sciences sociales, qui aurait l’humilité de se voir comme un outil qui facilite le débat et les décisions collectives, dans la formation de base de tous les français, dans la recherche, dans le débat démocratique ; et qui intégrerait facilement les valeurs de la collectivité. Un défi serait de rééquilibrer valeurs morales et valeur marchande dans le débat politique.

Voir le thème consacré à la croissance et à la mesure du progrès et d’une vie meilleure pour tous.

Voir le thème consacré à l’argent et à la finance.

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